Huggy les bons tuyaux, c’est moi
moi : “Tu joues quelque part pour la fête de la musique ?”
lui : “Ouééé ! Avec notre petite formation irlandaise habituelle on jouera en pleine cambrousse pour l’inauguration d’un four à pain, t’as qu’à venir !”
Tout a commencé sur ce petit échange avec mon prof de flûte. C’était vraiment prometteur, le beau temps, la cambrousse, l’irlande, le four à pain… nous v’là partis.
Bon pour la cambrousse, c’était la cambrousse. Genre pas fléché, rien. Genre “à la troisième patte d’oie, tu prends l’impasse sur la gauche”. Genre “t’es vraiment sûre sûre sûre que c’est par là ???”. Et puis on a vu le parking. Quelques dizaines de voitures. Ça se présentait plutôt bien donc… Romantique et champêtre. En approchant du lieu, on entendait quelques notes de flûte et de Tin Whistle s’échapper hardiment.
Le manoir était splen-dide. Une vieille bâtisse du siècle dernier, ou celui d’avant même, tout en pierres et en rosiers grimpants. Les musiciens étaient installés dans la cour, au soleil, suant allègrement sur leurs partitions retenues par un verre de blanc sec. Les femmes en robes à fleur et chapeaux flânaient ça et là pour admirer les seringas, les saules pleureurs, la cour, la vieille étable, la tourelle. C’était vraiment très beau.
Le petit chemin, sur le côté de la maison, menait à un joli jardinet ombragé, abrité par des arbres centenaires et tortueux. Des massifs éclatants de fleurs parfumaient l’atmosphère. Les seringas embaumaient jusqu’à donner mal au crâne. Une jolie baignoire d’antan baignait un groupe de nénuphars et de roseaux, on était en plein “Art & Décoration”.
Quelques tables en bois et fer forgé étaient éparpillées sur la pelouse, certaines recouvertes de victuailles, d’autres occupées par des anciens qui prenaient un verre de vin blanc bien frais.
Les gens avaient l’air de se parler facilement, de se connaître. Quelle ambiance ! J’étais comblée. Affamée mais comblée.
“Bonjour ! c’est splendide n’est-ce pas ?” dit un monsieur à mon air ébahi devant la table de fromages.
“Bonjour… oui on dirait des bijoux dans leur écrin” lui répondis-je.
Alors il se penche et me claque quatre bises !
“Enchanté, je suis Eric, le frère aîné”…
…
…
Gloups… c’est donc une garden party familiale. Privée donc.
Voilà pourquoi tout le monde semble se connaître.
Voilà pourquoi il y a des mets et des vins fins.
Voilà pourquoi on nous a regardés bizarrement.
J’ai pensé un instant m’inventer un personnage, une cousine germaine éloignée, revenue d’un lointain voyage exotique. Mais j’étais en hypo, mon cerveau marchait au ralenti alors j’ai juste balbutié :
“Ravie, je suis… Karine.”
Il a eu l’air déçu devant mon point final. Déçu qu’il n’y ait pas de présentation plus poussée, pas d’anecdote familiale croustillante, pas de généalogie commune. Bon, j’aurais peut-être pu transposer la fois où mon cousin m’avait obligée à monter dans un cerisier et où j’étais restée coincée en haut, en disant que ce cousin était son frère, mais c’était clairement pas le genre de la maison.
Donc Karine ‘tout court’ est partie comme une voleuse pour regrouper le reste des troupes afin de quitter les lieux au plus vite.
Nous avons tous fini dans une brocante devant une saucisse frite mal cuite, servie par une dame fort mal aimable, le tout sous un haut parleur dans lequel un monsieur braillait sans discontinuer pour animer une course cycliste de 3e catégorie.
Merci qui ?
Discover more from Moving West
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Bein, t’étais invitée ou pas ?
Sinon, le début de la note est très poétique.
Ouais un peu que j’étais invitée… par quelqu’un qui ne savait pas que c’était privé :)
en tout cas,chapeau pour l’écritue………
Ok, effectivement, bonjour l’incruste :p
Merci Karine ! parce que c’était génial !
Nous nous sommes régalés des yeux et des oreilles et puis je suis très contente de mes achats de brocanteuse.
Biz