Hier j’ai appris le décès d’une “ancienne” Essentielle. Elle s’appelait Gégé, elle était arrivée sur le site à ses débuts, elle était très timide mais un jour, elle avait sauté le pas pour nous rejoindre lors de nos fameuses rencontres. Elle y avait rencontré Martine, notre première présidente, qui était devenue sa meilleure amie, celle d’une vie. Et un jour Martine nous a quittés. Gégé était inconsolable. Pas un mail, pas une conversation sans qu’elle ne mentionne sa “Martinette”. Et puis il y avait son mari, un bipolaire… le cas nous avait forcément rapprochées car à l’époque, je quittais mon bipolaire à moi en emportant ma fille sous le bras. Gégé nous avait accueillies toutes les deux, un long week-end de juin. Nous avions emmené nos filles au parc d’attraction près de chez elle, dîné dehors dans son jardin, fait un tour au lac, parlé beaucoup et ri pas mal aussi… on en avait autant besoin l’une que l’autre.
Récemment, nous avions échangé un ou deux mails… elle avait essayé de refaire sa vie, avait (enfin !) quitté son bipolaire à elle mais ne voyait plus ses enfants aussi souvent qu’elle l’aurait voulu. Je comprenais à demi-mot que certains avaient finalement opté pour “chez papa” alors qu’elle l’avait quitté en espérant une vie de famille meilleure… Je renvoyais les photos de notre week-end lointain (Noa avait 2 ans), elle m’envoyait en retour une photo d’elle entourée de ses 3 enfants, simplement sous-titrée : mes plus grandes fiertés. Je me souviens avoir vaguement pensé que ça devait aller plutôt mal.
Gégé s’est donné la mort. Quelle drôle d’expression. Je ne sais pas comment et je ne veux pas savoir. Par contre, je crois savoir pourquoi. Ces enfants qui s’en vont sans se retourner, cet espoir d’une vie meilleure qui finalement ne l’est pas, cette solitude après avoir perdu son âme soeur, toutes ces petites défaites successives qui auraient dû être des victoires. Tout cet amour…
Et ce soir, en berçant ma pougne qui en a gros sur la patate, qui se sent mal-aimée, j’ai eu très peur de tous ces petits riens qui nous détruisent à petit feu et que l’on surmonte habituellement, presque sans y penser, juste par instinct de survie. Il y a des fois où on ne surmonte plus, et tous ces petits riens font une grande rivière de chagrin. Ce soir, j’ai jeté des pavés dans la toute petite rivière qui s’est vite tarie… car j’ai encore ce pouvoir magique. Pour combien de temps encore ? Ce soir, j’ai bercé et consolé, rassuré et endigué en pensant à Gégé.
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Damn… Condoléances, et courage…
un petit message de mon amie Gégé juste avant de partir en vacances le 31 juillet et aujourd’hui,le 15 aout,le trou noir……..je viens de l’apprendre………………suis trop mal…..