Mamou

Mamou c’est le chêne qui a subi des centaines de chimios et qui a repoussé le crabe à coup d’éclats de rire. Mamou est une bonne vivante qui adore cuisiner, recevoir ses copines et qui parle autant qu’elle a le coeur grand, c’est dire ! A toutes celles qui sont en détresse Mamou donne des conseils sur la paperasse pour faire valoir ses droits, sur les petits trucs pour surmonter les chimios ou tout simplement un mot gentil qui tombe juste. Les mains et les pieds rongés de crevasses par les chimios, Mamou continue à broder, en se faisant des petits pansements-poupée aux bout des doigts.

Son air trop gentil lui a parfois joué des tours. Certaines l’ont prises de haut sans jamais percevoir sa finesse d’esprit et son humour aiguisé. Si elle ne répliquait pas ce n’était pas par manque de répartie mais tout simplement parce qu’elle savait qu’il y a mieux à faire dans la vie : en profiter.

Mamou m’a remonté le moral, et parfois même les bretelles… je les appelle maintenant ses leçons de Carpe Diem. Et de bon sens aussi. Quand j’étais au chômage et que je m’étendais sur mes états d’âme, que je lui disais combien je souffrais d’être financièrement dépendante elle m’a répliqué avec calme que je nous venions de démenager tous ensemble et d’agrandir la famille et que c’était ça l’engagement, pas de savoir qui signait les chèques. Mamou avait ce pragmatisme que seuls les coups durs vous enseignent.

Je ne compte plus tous ces 13 mars et ces 17 décembre, toutes ces tempêtes chez les Essentielles et les Impatientes, tous ces hauts et tous ces bas où elle était là.

Lorsque Léo est né, Mamou est venue passer la première journée de sa vie avec lui à la maternité. Elle a couvert mes enfants de cadeaux et de sourires bienveillants.

Hier, Mamou s’est éteinte.
J’aurais eu le plaisir de l’accueillir au moins une fois dans ma maison. Mais pas eu le temps de lui dire combien elle compte pour moi et qu’elle est un de ces beaux cadeaux que la vie apporte après une grande peine.