Nonobstant je m’obstine
J’ai toujours aimé l’écriture ésotérique de Mallarmé, Noir Désir et… plus récemment, Romain Humeau (Eiffel). Pour moi il est presque vital de ne pas tout comprendre à un texte, de laisser la place au mystère et à ce qu’a voulu dire l’auteur qui est le seul (quoi que…) à avoir connu un jour le vrai sens de ses mots.
Les textes, quand ils ne sont pas explicitent, laissent une place pour ressentir différemment, pour de multiples interprétations, en fonction de l’humeur ou du temps qui a coulé entre 2 écoutes. J’ai l’impression de découvrir un nouveau sens à chaque fois.
A l’écoute de “Je m’obstine” sur le dernier album d’Eiffel, je me suis dit, comme souvent “mais de quoi il parle ?!” et en ce moment-même, à bien y réfléchir, Romain Humeau a écrit sur la façon dont je mène ma vie, ma barque. A première vue un texte un peu sombre (mais pas tant que ça) sur la vanité de la vie, son inexorable fin, sur ces désert qu’on traverse et sur l’incroyable propension de l’homme à vouloir y trouver un sens…
Je m’obstine
À m’inventer la délivrance
Un de mes clônes y fera son cirque
Rire et mort, trapèze volant
Nonobstant je m’obstine
Corps déployé sur verres pilés
Dont nos paradis sont pavés
Pour deux ou trois clopinesJ’élève ma vie comme forçat
Avant que les portes ne claquent des doigts
Et beugle à tue-tête nos vaches maigres
Avant que les tables ne tournent au vinaigreJe m’obstine
En ferrailleur des jours fériés
S’il est une chose perdue d’avance
C’est bien qu’il y ait un après
Pourtant encore, je m’obstine
Autant le dire, je tapine
Sur les trottoirs du laborieux
Tout en bas j’ai rien trouvé de mieuxJ’élève ma vie comme forçat
Avant que les portes ne claquent des doigts
Et beugle à tue-tête nos vaches maigres
Avant que les tables ne tournent au vinaigreJe m’obstine
En petit prince irradié
Le cerveau miné, envoûté
Par je ne sais quel enchanteur
Comme à l’aurore, cette brise-clarine
Soufflera l’aura des mystères
Et les dictatures sibyllines
Éventreront les millénaires….je m’obstineJ’élève ma vie comme forçat
Avant que les portes ne claquent des doigts
Et beugle à tue-tête nos vaches maigres
Avant que les chances ne tournent aux revues nègresJe m’obstine
Comme le lézard court à sa ruine
Et garde le Fort jusqu’à très tard
Avec vue sur le Désert des Tartares
Les femmes lècheront ma vitrine
Et feront la queue pour ma belle gueule
Quand Lagardère me jugera bankable
Et que le grand ramassis du genre humain m’élira, m’élira
SurhumainC’est pas fini, je lutte et je m’obstine
Dans l’ascension aux classes divines
Être plus que moi, être
Être plus que moi, être
Être plus que moi, être
Que je m’illumine,
Que je m’illumine,
Que je m’illumine,
Que je m’élimine,
Que je m’élimine,
Ce en quoi, je fais comme toi
Je m’obstine
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