Esprit de Noël

Vers 16h15 vendredi, il s’est mis à neiger à gros flocons à Rennes. Dans la voiture je pouvais voir les cristaux s’écraser sur le pare-brise pour fondre aussitôt. J’ai pris Noa à la sortie de l’école, nous avons filé à la maison allumer un bon feu avec un bout de notre corde de chêne arrivée la veille.

Vers 17h45 nous avons récupéré Léo à la crèche et filé, dans la nuit tombante, vers la fête des lumières de Laillé (4300 et quelques âmes). En chemin vers la place de la mairie, nous avons rencontré des copains-copines qui avaient préparé leurs lampions, petites bougies vascillantes au fond d’un bocal décoré maison. Ah. Donc il fallait préparer un lampion. Pas grave, nous en avons trouvé un écrasé que nous avons remis en l’état et ma grande était fière et droite comme un i, tenant son lampion d’une main et la main de son frère de l’autre.

Dans la nuit noire, nous avons marché en procession derrière la cariole du Père Noël, attelée à un joli cheval de trait breton, discutant tantôt avec un voisin, un parent d’élève, la dame de la cantine, la boulangère, monsieur le maire… Séverine, notre charmante opticienne qui travaille sans relâche, était sur le pas de sa boutique, contemplant avec un sourire bienveillant le défilé de tous ces enfants qu’elle gave de bonbons à chaque visite (au point que Léo nous dit lorsqu’on parle des lunettes de Noa : “on va au Bonbon ?”)

Après deux tours d’église, nous nous sommes dirigés de nouveau vers la mairie pour regrouper nos lampions sur le parvis et chanter quelques chants de Noël avec les enfants. Tout Laillé a compté 10 à rebours et M. Le Maire a dévoilé nos modestes illuminations de Noël sous des “aaahhh” émerveillés. Les habituelles bonnes volontés ont circulé parmi les enfants avec des paniers remplis de clémentines et de sucettes en chocolat, trouvant un mot gentil pour chacun. Les grands ont pu se réchauffer un peu avec du vin chaud, du chocolat chaud, des petits gâteaux secs et beaucoup de chaleur humaine.

Moi, j’étais tout simplement béate et un peu groguie par le gel et la neige fondue. Je ne sais pas si j’avais des larmes de froid ou de joie. Joie d’avoir trouvé une place, une place choisie, joie de se sentir parmi les siens, dans une petite communauté de gens sans prétention. Ce n’étaient pas les illuminations des Champs Elysées et il n’y avait rien à vendre, rien à acheter, pas de bonsieuseries ni de cadeaux made in taiwan. Juste un moment de partage, un moment passé ensemble. Bref l’esprit de Noël comme je ne l’avais pas connu depuis longtemps.


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