Reprendre le chemin de soi
La vie nous emporte loin de nous-mêmes. Les habitudes, la nécessité, le confort, les obligations, les protocoles, les bonnes manières, la routine, les aléas… nous forgeons notre personnalité sous toutes ces contraintes. Je me demande souvent à quel point nous sommes vraiment nous. Et ce que ça veut dire d’être soi.
Tout nous pousse à être pluriels. Nous ne sommes jamais un, nous sommes simultanément plusieurs à la fois, surtout si l’on est une femme. Et dans tous ces rôles entremêlés, on finit par s’oublier.
Faire fi du cadre pour se retrouver. Retourner au plus profond de soi. À l’enfance. La mienne a été heureuse mais cabossée, est-ce pour cela que j’ai autant de mal à me définir ? Alors j’essaie, par petites touches, de me reconnecter à qui je suis, ou du moins à qui j’ai été il y a fort longtemps. Je m’observe, je m’écoute, je note quand je suis en colère, quand je ris, quand je vibre, bref quand mon cœur s’emballe pour une raison ou une autre. Je scrute. J’analyse.
J’avais oublié combien j’aime faire du vélo. La vie à la campagne impose de prendre la voiture à tout bout de champ et je me souviens de mes vacances en Corrèze ou à Chevannes et de tous ces kilomètres qu’on avalait sur nos vélos pourris, parfois juste pour aller chercher des bonbons à la boulangerie à 13 km de là. 26 bornes pour un Malabar, c’est à quel point j’aime faire du vélo.
J’ai oublié combien j’aime la pluie l’été, celle qui est chaude mais qui pourtant rafraîchit, j’aime les orages qui me rappellent Uzerche, Roger, Jeanne, quand ça pétait fort dans le ciel limousin. J’ai oublié combien j’aime le silence, les oiseaux (dont j’ai désormais appris à reconnaître le chant), les oeufs à la coque, Anna Gavalda, faire des boutures de rosiers, lire un livre en une journée, les salades de pomme de terre.
Récemment je pleurais au travail, un ami m’a prise dans ses bras et m’a serrée fort, j’avais oublié ce que c’est que d’être serrée comme ça. J’avais oublié le contact d’un autre corps.
J’ai oublié combien j’adore faire du feu, merci mon papa d’en faire chaque fois qu’on se voit.
Et ces dernières années, j’ai même oublié à quel point j’aimais la photo et l’écriture.
Où étais-je donc passée tout ce temps?
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