Féminisme à 2 balles

Depuis quelques temps j’ai décidé de faire de la discrimination positive : je ne travaille qu’avec des femmes. Banquière, courtière, dentiste, conseillère en patrimoine, psy, constructeure de maison : si j’ai le choix, je travaille avec une femme. Car derrière chaque femme il y a son combat pour être arrivée là, son organisation de super nana, sa charge mentale stratosphérique et… son inégalité salariale.

Mais aussi parce que j’obtiens globalement un meilleur service.
Je bosse avec Marion, toujours si positive et encourageante, qui répond encore à mes mails à 20h et derrière qui j’entends parfois le gazouillis d’un enfant en bas âge. Avec Carolina qui m’aide à gérer mon maigre patrimoine. Avec Julia qui m’a remise sur pied avant de me booster et de me relâcher dans la nature.

En dehors de mon petit papa toujours là pour moi, ce sont des femmes qui m’ont rassurée et aidée à chaque moment important de ma vie.
Parmi elles, une inconnue aussi. Dans le métro, en 2008, nous marchons dans un couloir de la ligne 13, elle sur mes talons, moi enceinte jusqu’aux yeux et secouée de gros sanglots, au bord de la rupture. Elle a dû m’entendre renifler pour accélérer le pas comme ça et me dépasser. Elle se retourne et se plante devant moi, surprise de découvrir mon gros ventre. Courte hésitation, elle me prend dans ses bras. En me caressant les cheveux elle me dit “Ohhh mais non, nooooon… c’est la plus belle chose du monde que vous portez là ! Ne laissez rien ni personne vous priver de ce bonheur. Quoi qu’il ait dit ou fait pour vous mettre dans cet état, dites-vous que c’est un con.” Evidemment, elle avait raison. Elle a disparu dans une effluve délicatement parfumée, je me suis mouchée, j’ai repris ma vie et le métro qui s’approchait.

Depuis, j’insiste pour travailler avec des femmes. C’est peut-être du féminisme à deux balles. Mais c’est toujours deux balles dans la cuirasse du patriarcat.


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